Description
Qui n’a rêvé de maisons fraîches au cœur de l’été, de maisons refuges au seuil des crépuscules de l’hiver, où des gens, des langues, des histoires viennent se rencontrer et se reposer ?
Nous avons rêvé de ce rêve. Nous avons rêvé de l’offrir et de l’accueillir dans ces pages.
Si ce numéro évoque parfois la fragilité des maisons soumises à la brutalité des guerres et aux violences intérieures, il raconte surtout des maisons lumière, des maisons aimantes, amantes, portées par l’amour, la ténacité, le génie, l’imagination… la mémoire.
Les maisons demeurent comme le rappelle Marie Malaspina Ces Etapes sur nos chemins, [qui] valent pour ce qu’elles contiennent de rêves et de liens.
Présentée par Annemarie Brenner, Sophie Ginoux a consacré, une série de gravures à ce thème. Celle de la couverture résonne de cette phrase de Leïla Sebbar : une maison c’est une femme. Chaque femme est une maison, sa maison qu’elle fabrique comme elle se fabrique un corps…
Dans ce numéro nous rendons hommage aux mémoires de Pierre Chaulet et de Mohamed Dib.
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Qui n’a rêvé de maisons fraîches au cœur de l’été, de maisons refuges au seuil des crépuscules de l’hiver, de maisons où fleurent bon des saisons prometteuses, où aucune attente n’est vaine, où des gens, des langues, des histoires viennent se rencontrer et se reposer ? Qui n’a rêvé de maisons où éclatent les feux du matin et étincelle l’or du soir ?
Nous avons rêvé de ce rêve. Nous avons rêvé de l’offrir et de l’accueillir dans ces pages. Nous ne sommes pas déçues par le résultat. Nous ne nous sommes pas trompées de thème. Il rayonne superbement des couleurs et de la lumière des gravures de Sophie Ginoux.
Nous avons rêvé qu’il devrait être possible que chaque être sur terre sache, à la fin du jour, qu’un petit point dans l’immensité du monde peut l’accueillir et l’abriter. Que ce petit point serait cette demeure rassurante où s’égrèneraient des mots, des bruits, de lui seul connus, où flotteraient des arômes familiers, des souvenirs, des secrets, des amours. Une demeure close sur les âmes complices de ses habitants, protégés des menaces du dehors. Un cœur dedans. Une île où poser sa vie.
Des maisons corps, des corps de pierre qui enveloppent nos corps de chair, nos pensées, émotions, naissances, deuils… Les mots du monde ne suffiraient pas à parler de ce qu’ont vu, entendu nos maisons. Les mots du monde habitent nos voix et nos mains et nos yeux, mais ils restent cloîtrés dans l’abstraction. Alors qu’Une maison, c’est une femme. Chaque femme est une maison, sa maison qu’elle fabrique comme elle se fabrique un corps, son corps, ses gestes, amour, pouvoir, violence dit Leïla Sebbar.
Pouvoir, violence dit Leïla. Et Valéry Meynadier, une rêveuse éveillée, raconte en écho un désastre obscur :
On n’a jamais le droit d’emporter quoi que ce soit, à la rigueur nos vies et pas tout le temps. Et si on nous accorde quelques minutes, on emporte les diplômes scolaires des enfants… Une fois la zone occupée, l’armée a dynamité un immeuble de trois étages, lequel s’est effondré sur les maisons voisines, l’enterrement a commencé.
Eh oui ! La maison peut être aussi un abri dérisoire soumis à la brutalité des guerres, à la cruauté entre ses murs, aux départs imposés, parfois sans retour, symbole brûlant de l’arrachement. Une dépossession glacée de ce que l’on a construit jour après jour, Une œuvre faite de ses mains […] Il a tellement désiré cette maison. Dix ans. Dix ans à attendre un terrain avant de poser la première pierre. […] La retrouver… comme on retrouve un être humain, un être aimé. Ces phrases extraites du texte poignant de Marie-Noël Arras, rappelle aux exilés que nous sommes, l’irréfragable souffrance de quitter – pas seulement les pierres, posées, assemblées, testées, peintes, décorées, caressées… aimées, on peut aussi aimer la pierre – les centaines de milliers d’heures de la vie qu’elles ont contenues. Une incandescence du corps et de l’âme.
Ne savoir que dire, ne savoir que faire, face à la séparation. Seulement la certitude lancinante que cela arrivera et que ces pierres et ces centaines de milliers d’heures de joies ineffables ont existé. Une empreinte indicible, une saignée sur la terre, une étoile qui se souvient au dessus du gris silence que laissent derrière eux ceux qui sont partis. Je n’ai plus d’âge, plus de nom – on me les a dérobés, j’étais encore un enfant écrit Françoise Renaud dans un texte bouleversant.
Et puis, et puis, le mot « maison » est un mot nomade. Féminin ou masculin selon la langue, lieu d’amour ou lieu de haine, lieu de paix ou lieu de châtiment… Il peut réunir, agglomérer, distinguer, désigner, classer… en somme, séparer : château, résidence, immeuble, appartement, villa, pavillon, barre (quelle étrange désignation !) logement social… ailleurs il y a les gourbis, les favellas, les bidonvilles… Toutes ces catégories d’habitations indiquent des catégories d’humains ou plutôt de classes : les classes supérieures, les classes moyennes… les classes semi–moyennes, les sans classe… et également les sans maisons qu’on appelle les SDF : sans domicile fixe. Pourquoi fixe ? Existe-t-il des domiciles portables comme nos ordinateurs ou nos téléphones ? Sans domicile, sans toit, sans maison, oui, ça suffit bien à indiquer l’errance, le dénuement, le rejet, le mépris, l’indignité, le déchirement, la peur… Oh ! Désespérance !
Nous parlons dans ce numéro des maisons que nous avons habitées, que nos parents, grands?parents, ont habitées, en permanence ou temporairement, mais il y a tant d’autres lieux qu’on nomme maison. Festifs, pédagogiques, de l’art… Il y a même des lieux de relégation qu’on nomme maison. « Maison d’arrêt », « Maison close », et j’ose… « Maison de retraite ». Enfermement, isolement. Une manière extravagante de nommer une maison. La maison soleil devient maison de l’ombre, de l’exclusion, de la frontière. On y punit des gens, on y marchande des corps, on y met à l’écart… ou on y abandonne même parfois… L’extravagance est humaine, absurde et, parfois nécessaire ?
Mais rassurez-vous lecteurs, ce numéro parle beaucoup et surtout des maisons lumière, des maisons aimantes, amantes, des maisons d’enfance aux odeurs encore tenaces d’encre et de craie, de roses et de lavande, au bord des rivières ou sur les monts, portées par l’amour, la ténacité, le génie, l’imagination, comme celle de Marie-Noël que je citais et celle qu’Olga Valparaiso nous décrit avec passion :
Nous vivons désormais au rythme de cette demeure que nous avons fait renaître et qui nous a, elle aussi, donné une seconde jeunesse. Même si comme nous, elle prend aujourd’hui quelques rides, elles lui vont bien et elles témoignent sans doute des traces que nos mains y ont laissées.
Et je ne peux m’empêcher de citer Marie Malaspina qui finit si justement son très beau texte par ces mots :
Etapes sur nos chemins, les maisons valent pour ce qu’elles contiennent de rêves et de liens. Elles sont l’accueil de l’ancien et du nouveau : la paix retrouvée après toutes les guerres. Elles demeurent et nous mettent à l’abri de notre fin. D’autres y logeront leurs bruits et leurs mouvements dans un ballet inédit que nous ne verrons pas…
Edito Behja Traversac
Hommage à Pierre Chaulet
À l’encontre d’une communauté.
Pour une nation multicommunautaire – Pierre Chaulet et l’Algérie Christiane Chaulet–Achour
Hommage à Mohammed Dib
Textes inédits, hommage réalisé grâce à Colette et Assia Dib
Une artiste à Etoiles d’encre : Sophie Ginoux
Présentée par Anne-Marie Brenner
Forum
Par le trou de la serrure Nic Sirkis
Variations
Une femme dans sa maison Leïla Sebbar
Insomnie de pentecôte Rose-Marie Naime
La maison de l’autre côté de la mer Marie-Noël Arras
Le retour Hélène Vidal
Demeurer Rose-Marie Naime
Intérieur nuit Nathalie Saulnier
La mère d’Huguette Valéry Meynadier
L’observatoire Thérèse–Françoise Crassous
La maison dans la citadelle assiégée Claude Saint-Fort
La vieille cheminée Anne Guerber
Porte, ouvre-toi ! Norlane Deliz
Le petit diamant rose Régine Seidel Nobécourt
Maisons Frédérique Planet
La maison mère Rosa Cortes
Esprit des lieux Françoise Renaud
Un bonheur invisible Sylvie Gendron
La licorne Marie Malaspina
Faire jour / Faire chemin Bronwyn Louw
Poussez la porte du jardin Rose-Marie Naime
Il l’appelait sa femme-renard… Corine Pourtau
Antoine et Gisèle Nicole Buresi
La case de Marylise Payet Julie Legrand
Crépuscule Rose-Marie Naime
Le sommeil est mort Valéry Meynadier
La maison Hélène Pradas-Billaud
À la source de l’autre Joëlle Naïm
En mémoire… Jocelyne Carmichaël
Mémoire et Histoire
Au diapason de La Maison Olga Valparaiso
“Aquí tienes tu casa ! ” Aldona Januszewski
Deux mètres linéaires manquants Sylvette Dupuy
Nos maisons Geneviève David
Vacuité Brigitte Prados
Les ailes silencieuses Anne Guerber
La passerelle Nicole Buresi
L’empreinte du printemps en Languedoc Brigitte Pelat
Maisons algériennes, proches et lointaines Elisabeth Trouche
C’est une maison verte Olivia Villon
La pépinière Dalila Abidi
Le cœur devant Evelyne Trouillot
La clé sous la porte
Destination Australie (2ème partie) Geneviève Briot
Aller- retour Anne-Marie Alazard
Gaïa Brigitte Pellat
D’un art l’autre
« Mundos virtuales » ou La peinture dématérialisée
de Silvia Velázquez Marie-Lydie Joffre
Varia Aldona Januszewski
Presqu’île de Quiberon Élisabeth Leroy Viviane
À livres ouverts
Notes de lectures et parutions
Jamal T., Nic Sirkis, Morgane Ghillem, Dominique Godfard
Partages
Festival « Les nuits d’Orient » à Dijon Dalila Abidi
Un curieux intérieur Manon Lion
Comme un poisson dans l’eau Antoine Bedin
Appartement mystère Léa Legras
Solennité Françoise Trichet (suite)
La mare aux canards, Là-bas, Guérande, Notre onde est calme et bleue comme les draps de l’amour
© Œuvres gravées de Sophie Ginoux
©E ncres et sculptures de Marie-Lydie Joffre,
Photos coll. privées des auteures.
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