Description
Carte blanche à Maïssa Bey
« Il y eut Majnun avec Leïla et puis Tristan et Roméo et leur Iseult et leur Juliette il y a lui avec des ailes il y a elle à l’oeil qui luit des elles à lui des elles à elles des lui à lui Il y a la ronce jaillie de la tombe le Taj Mahal sorti de terre Ixtlan enfoui dans les volcans avec son Eve qui troque Adam… »
Voila six ans déjà que nous avons créé Etoiles d’Encre. Une revue ouverte à toutes les paroles de femmes de tous les pays méditerranéens. Chaque numéro, quel qu’en ait été le thème, avait pour ambition de nouer ou de renouer des liens, de donner lieu à des échanges, à des dialogues, au partage d’une langue, de langues, ces lieux de connivence et de rencontre. Aujourd’hui, même si Etoiles d’Encre marque un tournant, elle reste cet espace d’expression original, libre, créatif, destiné tant à des inconnues en écriture qu’à des auteures confirmées. Elle reste inspirée par nos élans littéraires et nos ressentis à fleur de cœur, de même qu’elle demeure d’abord et surtout une revue aimantée par la volonté de réunir vents des Suds et vents des Nords qui se faufilent entre les roseaux de nos plumes. Tisser les toiles de l’art d’écrire, de peindre, de photographier ou de dessiner, de mêler écritures et oralités, de donner sa place à l’insolite, aux chemins de traverses, à l’humour ou à la facétie même, oui, bien sûr, c’est l’objectif permanent d’Etoiles d’Encre, c’est ce voyage avec les lecteurs dans les imaginaires secrets des femmes, au fil de leurs textes, de leurs récits et de leurs témoignages. C’est veiller sans cesse à la présence vibrante de ces voix qui unissent au-delà des frontières, des voix qui rendent intelligibles les mystères des cultures de l’ailleurs.
Le tournant que marque ce numéro porte d’une part sur la forme, qui subit quelques changements. Nous avons envie de plus de simplicité, de clarté, notamment dans la typographie, dans l’intitulé des rubriques qui porteront des titres rendant immédiatement compréhensibles leurs contenus. Leur « hiérarchie » s’est déplacée ainsi que le sommaire qui se retrouve au début de la revue et non à la fin. Nous ouvrons également trois nouvelles rubriques afin d’accueillir courrier, dans De vous à nous, débats, dans Forum, mais aussi d’inscrire de la mémoire sur le lien France-Algérie dans Journal de mes Algéries en France de Leïla Sebbar prend la suite de son livre paru aux éditions Bleu autour, dont nous parlions avec elle dans le précédent numéro. Nous éviterons les textes trop longs et nous veillerons à un renouvellement aussi fréquent que possible des écritures. Autre changement : Dominique Le Boucher qui était responsable de la rédaction nous a quittées pour des raisons personnelles. Nous n’oublierons pas l’énergie qu’elle a déployée et la créativité dont elle est coutumière et qu’elle a insufflée à la composition d’Etoiles d’Encre depuis le premier numéro et jusqu’au numéro précédent celui-ci. Les trois autres co-fondatrices dirigeront désormais la revue tout en continuant d’assumer leurs missions antérieures au sein de la maison d’édition. Certaines amies de la revue n’ont peut-être pas remarqué le changement d’adresse pour l’envoi des textes. Nous serions heureuses d’avoir de leurs nouvelles. Nous espérons que le dialogue continuera de prendre place, d’avoir lieu, dans cette maison des étoiles qui tient sa singularité de ce qu’elle offre de l’hospitalité, de la re-possession à toutes ces écritures en exode ou en exil, ces écritures d’étrangères ou d’indigènes, ces écritures du nomadisme et du déplacement, de l’interdit, de la révolte, de la recherche de sens… Ou, tout simplement, les écritures de la jubilation qui se forge au feu de la poésie et du désir.
Il est étrange, et peut-être pas tant que ça, que, dans une première envolée, tant de femmes, pour ce numéro consacré au désir, nous aient envoyé tant de poèmes. Tant de désirs de légèreté, de fluidité, de mots qui bougent, qui volètent longtemps, papillons effarouchés d’avoir à ouvrir les ailes, avant de se poser, avec rage parfois(ah ! ce crissement de la plume quand on appuie là où ça fait mal, jusqu’à déchirer la peau-papier), et qui d’autres fois se laissent aller, naviguent au gré d’un sourire entrevu à travers les nuages, d’une fleur précieusement gardée entre les pages d’un livre et qui, exhumée un jour, nous fait retrouver jusqu’à l’odeur d’un instant que l’on a voulu ravir à l’oubli. Des mots qui se reconnaissent parce qu’ils se sont abreuvés à la même source, et qui s’accrochent les uns aux autres, parce qu’ainsi, n’est-ce pas, on ne peut pas sombrer, des mots qui soudain pénètrent en nous avec la force d’une évidence pour dire ce qui nous meut et nous émeut. Poèmes qui disent « je » mais ne disent pas tout, qui donnent à voir, à écouter, sons qui se répondent et ensemble composent un presque chant, ni litanie ni complainte, mais des mélodies entre tissées, brodées de motifs insolents, indisciplinés et semblent sur la page prendre leur envol pour arriver jusqu’à l’essence même du désir. Et ces mots-là laissent dans leur sillage des traînées plus scintillantes que poussière d’étoiles. Car dire le désir de cette façon-là, c’est effleurer le ciel du bout des doigts, comme une caresse, reçue ou donnée, jusqu’à ce que naisse le frisson. C’est écouter tout ce qui bruisse en soi, aller vers soi, avancer, lentement, adagio, d’abord en hésitant, puis d’un pas raffermi qui peu à peu devient serein, cherchant sous les silences les échappées, et pour les saisir, chercher les mots lumineux et féconds, que troubleraient à peine des soupirs, quelques remous qui auraient pour épicentre les regrets, les rejets, les renoncements et bien d’autres douleurs anciennes, trop souvent tues qui soudain se résolvent en cris, cris de souffrance mais aussi de jouissance, car la vie est là, qui s’acharne à se frayer un chemin parmi les ronces, qu’importent les couleurs des saisons mortes, rien, non rien ne pourra jamais éteindre le feu qui brasille au plus profond de chacune d’entre nous, pas même la plus profonde des détresses, nous le savons déraisonnablement, éperdument, follement, et tout est là, tout est dit.
Behja Traversac
Maïssa Bey
De vous à nous
Edito Behja Traversac, Maïssa Bey
Je te… Stella Signorel 3
Carte blanche à… Maïssa Bey : 5
Plus loin, plus loin que l’horizon
Une artiste à Etoiles d’encre :Isabelle Marsala
Une équilibriste sur un fil entretien avec B. Traversac
Femmes aux couleurs fluides Marie-Catherine Mas
Forum
Désirs à conjuguer Gisèle Seimandi
Promesses du désir Michèle Bayar
Voir par tes yeux Pascale Bulteau
Mais on ne tue pas le désir Téma Bey
Vertiges AïchaKerfah
De vive voix :
Beyrouth, Damas, des noms magiques, Behja Traversac
Je jette les voiles Nacéra Halou
Variations sur le désir :
Simple chanson simple ClaudeBer
Elles Valérie Meynadier
Epidermique attitude Samira Negrouche
Et toutes les tourterelles… Zineb Labidi
Autant parler à un Suisse Nicole Neaud
La femme qui dansait les pieds nus Frédérique Brechet
Le chant de Manon SigridL Crohem
Tête à l’envers Marthe Kalifa
L’amante Anne Lanta
Dépossession Susan Visvanathan
Lunes rouges Andrée Job-Querzola
Vol d’oiseau Cécile Oumhani
Du côté de l’enfance :
« Bleu blanc jaune » Marie-NoëlArras
L’eau du bain Carole Menahem-Lilin
Roumaïssa Dalila Hazzi Hacène
La clef du bonheur Chemseddoha Boraki
Journal de mes Algéries en France : Leïla Sebbar
La clé sous la porte :
La mer lactée Marie-Lydie Joffre
Entre nous :
Lettre à Khalida Pascale Bulteau
L’adieu à Safia Behja Traversac
Je me précipite vers l’amour Carole Menahem-Lilin
A livres ouverts :
Amours rebelles de Behja Traversac
Ces infinis visages de la rencontre Sigrid L. Crohem
Rébellion du désir par l’auteure
Cette fille-là de Maïssa Bey
La fugue Christiane Chaulet Achour
Partages :
Association Paroles et Ecriture
Poèmes
Les poèmes des entrées de rubrique sont tous de Bernadette
Ginest et Lévine (excepté la clé sous la porte)
Illustrations
Les peintures sont de Isabelle Marsal
excepté celle de Marie-Lydie Joffre
Les photos du dossier Carte Blanche sont de Maïssa Bey
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