Description
C’est au temps de la Toussaint rouge et bien après la défaite des Républicains espagnols que se situe l’intrigue de ce livre. L’héroïne, une adolescente qui a suivi ses parents dans leur exil vers l’Algérie, raconte les péripéties qui ont jalonné sa vie, et celle de sa famille, durant les années cinquante. Voguant entre exaltations de la jeunesse et découvertes multiples, elle nous entraîne dans un Alger illuminé de mille soleils qui, pourtant, n’éteignent pas l’écho des drames à venir.
Cette tranche de vie et d’Histoire, qui va de 1956 à 1962, mêlée aux évènements décisifs et sanglants qui secouent le pays, nous est relatée par l’adolescente dans un récit drôle et poignant à la fois, servi par une écriture passionnée qui éclaire aussi bien la chute et la désespérance d’un peuple que l’émergence et les espoirs impatients de l’autre.
L’après-midi, je me réfugiais sous la tonnelle sur une chaise en fer ouvragé posée devant une table ronde aux pieds en esses. Tout était peint en vert et s’harmonisait étrangement avec la pâleur violacée des grappes de glycine qui croulaient de tous côtés quand elles fleurissaient. Ma mère s’inquiétait des abeilles par l’odeur alléchées mais mon père la rassurait. Et moi je m’immergeais sous la fraîcheur capiteuse de cet abri qui me paraissait idéal pour la lecture et la méditation. Je devenais une sève palpitante dans les lourdes senteurs vespérales.
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En librairie le 12 novembre 2020
Pierre Fréha –
Voilà un livre qui fait du bien. Je l’ai dévoré en quelques heures comme un roman de Pagnol. Et pourtant, il raconte un champ de ruines et de désolation. Je n’ai jamais été un grand fan de la Nostalgéria mais avec Rosa Cortès on n’en reste pas là. Elle décrit avec justesse le drame de 1962, et comment, pour la jeune fille qu’elle était, cela ne le fut pas étrangement. Du coup, le livre devient encore plus passionnant. Pour la jeune Espagnole, l’enjeu n’est pas le même que pour les » pieds noirs « . Ce sont des superbes chroniques, et même un peu plus.
» La nécessité d’indépendance de ce pays, son besoin de rupture avec une « mère » qui s’était arrogé le nom de patrie, qui l’avait arrachée cent trente ans auparavant à une occupation ottomane depuis des siècles installée et qui l’avait nourrie et portée depuis lors, trouvait un écho confus dans mon esprit. Moi aussi j’aspirais à me dégager des liens maternels « .
Josy –
En écho à une actualité qui nous montre régulièrement des gens jeunes et moins jeunes obligés de quitter leur terre natale, ce récit m’a, dès les premières pages, fort intéressée. J’ai connu des descendants d’Espagnols dont les parents avaient aussi dû fuir la dictature de Franco. J’ai côtoyé des Français d’Algérie blessés dans leur coeur, dans leur chair, après avoir dû quitter ce pays. J’y ai moi-même vécu quatre ans après l’indépendance, jeune et épousant les thèses des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes, j’avais la mission d’aider cette belle aventure pleine d’espoir.
Ce récit de l’installation et de la vie dans « l’ailleurs » m’a touchée. Il adopte le point de vue de l’adolescente de la famille qui, très protégée des difficultés du quotidien par des parents aimants, aimera sa terre d’accueil, sa ville d’Alger sous le soleil, sensible à la beauté des lieux et des choses. Et c’est bien ce qui lui permet l’adaptation à cette nouvelle vie.
Insouciante, enthousiaste, intrépide, elle rêve sa vie future dans le cadre de « la merveilleuse baie d’Alger ». Ce traitement de la jeunesse me paraît très authentique. Autour s’organisent le changement, des drames déjà, des jours noirs que les français de la métropole ont appelé très tôt « les évènements d’Algérie ». En parallèle à cette vie d’ado s’esquisse l’autre histoire, qu’elle peut commenter tout en prenant un certain recul, l’autre histoire : celle des adultes. C’est aussi pourquoi, ce récit parfois souriant, parfois émouvant, toujours vrai, m’a passionnée. Je vous invite à le lire.