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Centaure
Centaure

Rarement texte évoque avec autant de force la violence inouïe que peut subir une femme, des femmes. Rarement évocation du viol et de la prostitution fut aussi douloureusement, aussi intimement écrite et pourtant renvoyant sans cesse à des faits réels. À force d’écrire, le réel nous prend en otage.

ISBN : 9782914467667 Catégorie :

Description

Rarement texte évoque avec autant de force la violence inouïe que peut subir une femme, des femmes. Rarement évocation du viol et de la prostitution fut aussi douloureusement, aussi intimement écrite et pourtant renvoyant sans cesse à des faits réels. À force d’écrire, le réel nous prend en otage. Nous ne serons jamais quittes du réel ; il dépassera toujours la fiction… écrivait un jour Valéry Meynadier. Elle reste fidèle à cette idée dans ce roman document.
voir critique sur Babelio
et sur le blog : L’évasion et les mots… 
et : https://leslecturesdasphodele.wordpress.com/2011/10/18/centaure-de-valery-meynadier/

Un style d’une folle audace pour dire ce qui fut, ce qui transperce
le temps, revient en boomerang dans l’Aujourd’hui pour raconter la
vie de Centaure ; Centaure l’intraitable femme-soeur qui n’oublie ni ses
blessures, ni ses colères, ni ses révoltes. Centaure, l’indépassable symbole
de la déchirure de l’être, de la meurtrissure des corps. Centaure, foudroyante
de beauté et de refus interpelle nos tranquillités et nos oublis.
Ce texte est d’une extrême densité et peut se permettre une écriture baroque,
lyrique qui métamorphose 
notre univers le plus proche comme le plus lointain.

Valéry Meynadier est écrivaine. Elle a notamment publié un roman Ma mère toute bue chez Chèvre
Feuille étoilée, 2007 ; un livre de poèmes et photographies 
Présent défendu, Villa des cent regards,
2009 ; de très nombreuses nouvelles dont certaines furent couronnées par le prix Forum
Femmes Méditerranée en 2008.

 

Détails du livre

Poids0,232 kg
Dimensions1 × 11 × 17 cm
Auteur(e)

Valéry Meynadier

Editeur

Éditions Chèvre-feuille étoilée

Extraits

De ma chambre, en Suisse

Chère Centaure, ton histoire, c’est la mienne aussi.
Et si j’en crois la réalité, c’est aussi l’histoire de beaucoup de femmes.
Je ne sais où je vais en traçant ces lignes, comme toi, le jour où tu es partie en Allemagne sur les traces de ton frère.
Tu es née en haut d’un escalier dans la fournaise.
Je t’ai reconnue et cachée : minces petits feuillets entre les lattes d’un parquet pour que tu continues à parler de moi, de nous.
Les ruines parlent la langue de ceux qui n’ont plus rien à perdre. J’ai appris la langue des cendres et d’autres voix, des milliers de voix sont venues enfler mes nuits de givre. Tout est blanc ici. Nos mémoires et les murs. Le sang aussi pâlit. Des mots racontés, des mots morts, des mots blancs. La musique dans le coma courait vite. Elle n’a pas été rattrapée.
Moi, si.
La neige sur ma langue matraquée, j’ai écrit notre histoire à toutes, dans la clinique de Monsieur Charles Retbel, à Zermatt, en Suisse.
Je suis soignée par le docteur Retbel, éminent psychiatre et ami lointain de mon frère.
Moi, je rêvais d’un médecin aux vastes tremblements comme celui qui m’a recousu le vagin, qui a vu naître Centaure, je me souviens quand il m’a prise dans ses bras, il était l’humanité entière. J’ai oublié son nom.
Le docteur Charles Retbel n’est que Charles Retbel. un nom vide, propre, qui a raflé toutes les chances. Jamais rien attendu de sa vie le docteur Retbel. Toujours tout obtenu en temps et en heure. Ça vous forge un homme le désir. Lui, on ne lui a pas laissé le temps pour désirer. Il ne peut pas me soigner, il manque de tremblements avec son air de bandit de grand chemin, cet air splendide de marin travaillé par les vagues, son onze mètres qui l’attend au port de Hyères, et des lèvres de pulpe pourpre et des mains de pianiste ; bien sûr musicien. Saxophone ténor, je crois. C’est ce grand bonhomme au front spacieux qui prétend me soigner aujourd’hui alors qu’il ignore tout de Centaure.
Très sérieusement, je lui ai demandé s’il était déjà allé au bordel. Dans les chambranles des fenêtres, le vent s’engouffrait.
Son « oui » doux comme un agneau, si simple, honnête, m’a désarmée. La chance aussi de ne pas se poser de questions. J’étais comme lui avant.
Jusqu’à ce que…

Autre extrait

11
De la rue Meynadier, à Paris


– Mathieu, tu dois me répondre…
Je regardais la pluie avec tendresse, je pouvais me le permettre, je n’étais pas dessous.
La nuit tombait ce matin dans la cuisine tant la pluie faisait sa loi. Je n’avais pas payé l’électricité. Pas de bougie, que du café chaud (j’avais le gaz) accompagné d’éclairs bleutés. Il était dans un coin sur un tabouret blanc, déjà parti, il partait pour l’Allemagne, Monsieur couvrait l’évènement sportif de la Coupe du monde. Il allait s’amuser là-bas, 40 000 filles, pour la plupart, originaires des pays de l’Est avaient été importées pour le Mondial, pour les supporters, pour les footballeurs aussi…
– Qu’est ce que tu en penses, Mathieu ?
– Depuis 2002, l’Allemagne est le paradis des putes, petite sœur, elles ont la retraite, la sécurité sociale, que demander de plus !? D’accord, elles sont presque toutes sous la coupe d’un marlou…
– un marlou c’est un proxénète, c’est ça ?
– C’est ça.
– Et tu trouves ça … normal ?
Seule ma question dans la cuisine sans rien autour, les mots prenaient toute la place. Dans cet appartement, avec Centaure, nous avions décidé de laisser le vide à lui-même, qu’il prenne la forme qu’il voulait.
Du coup, oh surprise, les mots s’installaient.
– Normal quoi ? me répond Mathieu en maugréant qu’il allait être trempé. Pas un temps pour être en bécane.
– La prostitution, dis-je.
– C’est un métier qui existe depuis la nuit des temps, me répond mon frère au bord du désespoir.
Pas de frigo, pas de placards ni de rideaux, le vide tout autour, de bas en haut de haut en bas, ses yeux cherchent où se poser.
– Le temps… On a perdu le temps, toi et moi, Mathieu. Le temps n’y fera rien. Qu’il passe, ce sera toujours pour plus nous éloigner.
Ses yeux se posent sur moi. Il m’écoute de tout son poids, presque trop, ça en devient suspect.
Qu’est ce qu’il va me dire ? Comme si tout doucement, il ajustait son arme sur l’épaule. Il écoute mon silence maintenant, pas que moi, derrière moi, Centaure peut-être bien, mes failles, mes blessures, il écoute.
A-t-il vu Centaure ?

Critiques

Critique de l’auteure de la peinture de couverture.
À Valéry
Mes premières impressions :
Voyage au pays des Centaurées d’altitude ! Tendres matrices en fil de soie, métamorphosées rose d’épine, violette de gambe, bleu sein-commotionné, jaune sarcastique, rouge hilarant la douleur… des souffrances si profondes au fond du corps et de l’âme de la femme violée, qu’elles en deviennent incommunicables, mais que tu vas courageusement exhumer au grand jour, à petites gorgées élégantes comme la pudeur, aimantes, magnanimes, fraternelles pour en témoigner de l’inhumanité. Rêve ou cauchemar ? Plutôt vérité ! Au sortir de cette épopée de la lucidité, j’ai pensé aux gravures de Goya, « Les Horreurs de la guerre » ; ton récit en a la puissance elliptique, la charge, l’humanisme ! Ce roman donne tant de vie prégnante à la misère de viol & prostitution, étayée en filigrane de références d’investigation dignes de foi, que ton écriture sensibilise à la cause des victimes comme un tatouage sur la mémoire. Avant Centaure le viol et ses conséquences pouvait paraître lointainement abstrait dans son abjection, après la lecture de Centaure on en appréhende l’ignominie viscéralement.
La forme du récit est ondoyante, inépuisablement portée sur la fascinante poésie du flux et du reflux d’une longue chevelure, la vague du bien qui plonge aussitôt dans celle du mal, comme vouées pour l’éternité à se donner la réplique, on se laisse embarquer à la découverte de ton univers « toujours recommencé ». Tout comme la lumière du soleil fonde l’architecture cistercienne, tu sculptes souverainement avec rigueur et concision. Est-ce pour mieux chavirer en explosions de chœurs baroques, où le désespoir exacerbé des femmes marquées aux stigmates de la mort n’est soutenable que par le truchement de scènes exubérantes, rabelaisiennes, felliniennes, sans compter l’humour qui sauve ? Signe qui ne trompe pas, quand on lit Centaure on ne le lâche plus, et on rêve de rédemption !
Et si Centaure nue, figure de proue de ce roman aimanté d’âme, était descendue du ciel ? Coulée de fer, coulée de chair, forgées dans les nébuleuses ? Une Centaure déterminée comme le taureau de sang couvert, Centaure enceinte d’auras boréales, masse de neige écorchée à l’identité vive éparpillée ! Centaure, l’animal en nous en appelle à notre humanité…
  MLJ

 

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