Prologue
Cité-bidons…
Il y a une Cité dans laquelle je suis née. Dans laquelle j’ai grandi. Une cité ferraille. Une Cité béton. Comme moi multiple elle est. Innombrables ses noms.
Il y a une Cité comme toutes les Cités du monde. Innocente et féroce. Vulgaire et généreuse. Une Cité tendre gueuse. Ma camarade.
Selon les parfums que le vent du Sud nous apporte je l’appelle Cité-bidons… Cité-aux-ordures… Cité de l’Ogresse… Ou bien pour me planquer derrière le masque des petits mômes blacks mes voisins sans confiture ni tartine je la nomme Alphabête-City.
La Cité des Alphabêtes c’est la Cité aux palabres. Sur son ventre j’écris. Poèmes qui sont les mots du monde des gens d’ici. Blues Bunker est leur chant triste ou joyeux comme la couleur de leur peau. Leur chant de toute urgence.
La Cité… c’est à partir d’elle et de nous que déboule le soir sous les pattes de ma plume la mélopée sauvage des filles nomades qui reprennent chaque nuit à leur compte la grenade à peine entrebâillée de notre désir fou…
La Cité c’est la maison enchantée de nos espoirs dépenaillés.
Paris 20e … Alger sur Seine… Los Angeles City… Amsterdam… et n’importe où ailleurs…
Paris 20e… Quartier qui s’éparpille de la rue des Haies à la rue des Vignolles en passages coquins pour jardins obstinément là malgré Béton et Papier monnaie…
Passage Dieu… Impasse Satan… D’un côté tu traverses vers la Cité qui bout des lessives de vague à l’âme sans pommes ni pommiers. Et de l’autre tu finis parmi de vagues empreintes d’un paradis maïs… géranium et carottes… Capucines orangent des gravats contents autour de planches qui sont si baguette magique le veut des sièges de cinéma…
Impasse Satan… Impasse Ranson… Impasse des Souhaits… Black désir de repeindre la terre en bleu. Bleu émeraude…
Dans un angle de mur qui meurt des tags africains… un éléphant noir… et des femmes qui dansent sur savane ocre rouge et crème…
A droite contre des tôles de petites serres dans des cageots où poussent des haricots… Deux échelles rouillées qui gardent-follent des cailloux… Un caddie de super-marché bien rempli de rien à faire… et un chat noir-blanc qui nous observe d’un côté puis de l’autre mille piafs grimpant aux espaliers pervenche…
Au milieu d’un mur qui meurt une gueule de bonhomme ogreresse et deux gros yeux noirs qui font salon poubelle grand ouvert sur chaises et tables plastiques avec rouleaux de fil électrique et vieux divan mort… L’ogresse bonhomme pas difficile a croqué tout ça et aussi la ville pour la recracher de jour en jour plus ardente et plus complice des fées terrains vagues en goguette contre les dentiers plaqués or des macs urbanistes rapaces… L’ogre bonhomme est notre allié pour sûr !…
Grille d’égout… Grille d’égout… Trois bananiers nains font la ronde à Haïti City… il y va de leur vie. C’est un jardin ici. A gravats City on plante et on rit… Y’a pas de soucis… Non… y’a pas de soucis…
Avis
Il n'y a pas d'avis pour le moment.