Lorsqu’on lui demande de se décrire, Nic Sirkis déclare : « Je suis une femme point d’exclamation qui ne sais pas baisser la voix ». Ce point d’exclamation, et cette envie de faire entendre sa voix, on les retrouve dans son nouveau roman, Attention !, où elle met en scène Yann Orion, jeune pré-retraité tout droit sorti des couloirs d’Air France, qui s’active plus que jamais au cours des deux hivers et du printemps parisiens dont l’auteure nous fait témoins.
Ce roman admirablement construit, donc chaque page se garde de révéler le secret de la suivante, selon les principes de la « sérendipité » qu’affectionne Nic Sirkis, est un hymne à la vie, et à l’écriture. À la « vie » parce qu’il nous rappelle que, malgré les pages que l’on tourne, il reste toujours quelque chose à découvrir, quelque chose qui nous tiendra en haleine jusqu’au prochain tome de notre histoire, quelque chose qui nous donnera l’envie de continuer à effeuiller la vie et les livres, afin de découvrir le fin mot de chaque intrigue. À « l’écriture », parce que ce fin mot, c’est celui que Yann Orion tente d’écrire, mais aussi de découvrir. Car ce roman est la quête de l’écriture, ainsi que de « l’auteur », cet auteur dont Yann découvre un livre, intriguant, cet auteur qui signe d’un mystérieux « Y ».
Cet auteur, c’est aussi Yann lui-même, que l’amour d’écrire a toujours habité, et qui s’engage auprès de ses amis du Hasard du 14ème à aider dans la lourde tâche de publication de leur journal.
C’est sous le ciel parisien que Nic Sirkis a décidé de situer son roman ; Yann, accompagné de Bulle et Gustave, ses deux enfants et de son chat, Guevara, nous emmène visiter son Paris, un Paris qu’il affectionne, où il a posé ses valises après avoir quitté sa Bretagne natale. L’on y découvre les petits cafés, les maisons coquettes et les rues fourmillantes de la capitale, mais surtout, l’on y découvre l’envie de vivre d’un homme qui, porté par ses enfants, se décide à chambouler son quotidien, à se mettre en mouvement, à partager.
Attention !, c’est, comme son auteur, un roman « point d’exclamation », un roman qui, en dehors du titre du journal, ne laisse rien au hasard, qui nous offre d’entrer dans l’univers d’un personnage amoureux des mots, un roman enrobé, ou plutôt pénétré, d’une écriture à la fois simple et pure, d’allusions subtiles et d’un humour enjoué.
« Ecrire, quelque part, c’est faire face à une dysharmonie interne. C’est réparer quelque chose en latence. Retrouver, en quelque sorte, une harmonie perdue. ». Cette invitation à l’écriture, sortie de l’esprit de Yann, ne peut que nous rappeler l’importance des mots, et si, à l’heure où vous lisez ces quelques lignes, il n’est pas encore l’heure d’écrire, c’est peut-être parce que la lecture vous appelle.
Morgane Guilhem
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